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celle d’un médecin clérical et royaliste : comme il était fort charitable avec cela, on l’aimait beaucoup dans le quartier.

On n’a jamais su pourquoi l’armée l’avait fusillé.


VI

LES PREMIERS ABATTOIRS. — LES FAUX BILLIORAY

J’ai donné, par quelques exemples, un aperçu des fusillades des deux premiers jours. Cet aperçu est encore incomplet. Je me suis borné à des exécutions éparses et hâtives ; dès ce moment, il y en avait d’autres faites loin du combat, loin du lieu où la victime avait été arrêtée, à des endroits désignés pour la concentration des prisonniers. Deux de ces centres étaient constitués le lendemain de l’entrée des troupes : le parc Monceau, l’École militaire.

Comment furent-ils affectés à cette sinistre destination ? Cela est facile à comprendre. Les états-majors de deux chefs de corps s’y installèrent passagèrement. Il était naturel qu’on leur amenât les prisonniers. Plus tard, quand des corps d’armée avancèrent, l’habitude persista, et l’on continua à conduire à la place où il y avait eu un quartier général les hommes qu’on voulait exécuter.

Cet exemple seul suffirait à établir le véritable caractère des fusillades. Il prouve une fois de plus que loin d’être imputable aux soldats, le massacre eut lieu dès le premier moment, d’après des ordres précis, suivant les intentions du commandement, et avec une sorte d’organisation.