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même quartier m’est fourni par un ancien interne des hôpitaux :

« Le mardi 23 mai, me raconte-t-il, un officier de l’armée vint me chercher pour donner des soins à un soldat qui avait reçu une balle au ceinturon. Pendant le pansement, nous vîmes passer un médecin-major, à cheveux blancs, entre quatre soldats. En quittant le blessé, nous rencontrâmes les mêmes soldats qui venaient de fusiller le major dans les terrains vagues du collège Rollin. Quel crime avait commis le malheureux, pris au moment où il soignait des blessés fédérés ? Le crime de porter un uniforme de médecin de l’armée régulière. »

La victime était le docteur Lecca. Le docteur Lecca avait sept enfants. Il habitait d’habitude la province. Il avait quitté sa clientèle pour venir dans les bataillons de marche de Paris.

C’est aux Batignolles que la tuerie commença à prendre de plus vastes proportions. Et pourtant, le chef de corps qui s’en empara, le général Clinchant, fut le seul peut-être qui ait fait de sérieux efforts pour éviter les horreurs du massacre. Mais on abordait là les quartiers populaires, ardemment acquis à la Commune. Cependant, les troupes pénétrèrent sans difficulté : les barricades des Batignolles avaient résisté le lundi : dans la nuit, on vit que la lutte était impossible ; les fédérés évacuèrent le quartier ; et le mardi matin, l’armée n’eut qu’à en prendre possession.

Elle commença par la mairie ; le médecin de l’ambulance, qui se présenta le premier, fut arrêté : nous aurons à en reparler ; tous les autres prisonniers qu’on fit là furent exécutés.

Parmi les autres exécutions très nombreuses faites dans le quartier, une des plus inexplicables avait été