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« Ici encore, comme sur tous les points où la lutte est violente, on a fait peu de prisonniers. »

Le même jour (mardi) un rédacteur de la Liberté voyait « près de la Madeleine, sous un hangar, seize cadavres d’insurgés, la figure couverte de paille, avec un papier attaché à leurs vêtements, et indiquant les noms et les renseignements qu’on a obtenus sur eux. » (Liberté du 26 mai.)

Le même journal (no du 30) fournit des détails rétrospectifs sur la prise de la barricade du Helder, qui eut lieu le mardi 23. Nous citons l’organe de M. Détroyat :

« La barricade de la rue du Helder a été enlevée mardi, grâce à un jeune capitaine au long cours qui, au péril de sa vie, a été planter sur le mur le drapeau tricolore. À cette vue, tous les insurgés se sont enfuis.

» Ils avaient établi leur ambulance dans une maison de tolérance de la rue de Hanovre, et les hôtes ont été conduites avec les insurgés derrière l’Opéra, où l’on a fait sans doute des exécutions.

» C’est le 58e de ligne qui a escaladé la barricade. »

On fusilla dans la cour de la mairie du IXe arrondissement. Les mairies, nous les verrons, ont été des centres où l’on amenait les prisonniers, où on prononçait sur leur sort, et où on exécutait la sentence. Le mardi, à cinq heures du soir, dit le Petit Moniteur du 26 mai, on amène un fédéré rue Drouot. Il déclara, d’après le journal conservateur, qu’il s’était battu, avait tué du monde et comptait en tuer encore. « Cette parole fut son arrêt de mort. »

On exécuta aussi sommairement au collège Chaptal. M. Maxime Ducamp nous en cite un exemple dont il a été témoin le lundi. Dans son récit, le fédéré joue un rôle odieux, mais un peu fantastique. Ce fédéré se cachait. Il voit un enfant jouer au cerceau sur un