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commandement qui arrêta presque les troupes pendant trente-six heures sur toute la ligne, sauf à Montmartre. Lundi matin, l’armée était à la gare Saint-Lazare, à la place Beauveau, au palais Bourbon, à la gare Montparnasse. Mardi soir, elle arrivait à peine au boulevard des Capucines, à la Légion d’honneur, au cimetière Montparnasse. Et cela sans qu’aucun combat particulièrement sérieux eût été engagé sur aucun de ces divers points. C’était une conception stratégique.

On n’en fusilla pas moins pendant ces deux jours.

Citons quelques exemples, en parcourant la ligne occupée par les troupes.

À la droite de l’armée on prenait Montrouge et la gare Montparnasse.

La Patrie du 28 mai, publie sur ce qui s’est produit de ce côté pendant la semaine, un récit très circonstancié, très intéressant, écrit évidemment de visu par un habitant du quartier.

Elle raconte qu’à la barricade de la rue Brézin, on fusilla les trois artilleurs qui avaient pointé les pièces. On les aurait reconnus pour des déserteurs. Lors de la prise de l’église de Montrouge, des insurgés étaient montés dans le clocher pour sonner le tocsin. On les força à descendre, et on les fusilla. On ne fit point de quartier aux défenseurs de la barricade voisine. Il y eut des morts par centaines. Et le lendemain, huit fourgons chargés de corps d’insurgés tués sur les barricades de l’église de Montrouge et de la rue Brézin étaient conduits au cimetière Montparnasse.

À la gare de l’Ouest (rive gauche) dix-huit fédérés qui tiraient pendant le combat des fenêtres d’une maison, sont cernés, pris et immédiatement fusillés. Tous ces détails, je le répète, sont empruntés au journal conservateur la Patrie, numéro du 28 mai. J’ai su moi-même par