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leurs conséquences directes, par les passions qu’ils soulèvent, se mêlent intimement à toutes les questions de la politique courante. Le but de l’amnistie est de les faire sortir de la politique du jour pour les faire rentrer dans l’histoire du passé.

Ce sont là des idées élémentaires : et l’on se demande comment on peut être obligé de les répéter, tant leur évidence éclate ! Nous conservons le droit et le devoir d’étudier les affreux malheurs de 1871, et comment en serait-il autrement ? — Cette boucherie unique dans notre histoire, qui jure si cruellement dans le dix-neuvième siècle, il faut bien se rendre compte de ses causes et en fixer le caractère.

On a osé louer la République d’avoir pu l’accomplir ; on a fait du régime démocratique ce singulier éloge de dire qu’aucune monarchie n’aurait pu tant massacrer. Rétablissons les faits. Le caractère de la tuerie (et c’est là ce qui rend inexcusables les républicains qui se refusent à l’effacer), c’est d’avoir été essentiellement monarchiste.

On l’a bien vu au lendemain du sac de Paris. C’était la République qu’on visait ; et quel fut le résultat de la prise de Paris ? — De ranger parmi les vaincus les rares républicains qui y avaient collaboré. Le lendemain, les Jules Favre, les Picard, les Jules Ferry, accablés par leur propre victoire, étaient obligés de disparaître. Que dire du reste du parti ? On rappelait aux députés républicains de Paris que les Parisiens, écrasés et massacrés, étaient leurs électeurs ; on notait, on dénonçait leur froideur ; quant aux radicaux, on les rangeait naturellement parmi les vaincus. Ce fut une question de savoir si M. Gambetta, alors en Espagne, pourrait rentrer en France, et si MM. Corbon, Laurent-Pichat, Floquet et les autres membres de la Ligue d’union pour