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peu de chose auprès du massacre de Mai ; et le sang qu’elle répandit n’eût apporté qu’un bien maigre affluent au fleuve rouge dont Paris fut inondé en 1871.

Prenons le chiffre que donne M. Henri Martin dans son Histoire de France. Combien frappa-t-on de victimes dans Paris en 1572 ? Environ 2,000, d’après le savant historien. C’est le chiffre de de Thou, de Tavannes, etc.

D’autres contemporains vont à trois, à quatre mille ; les plus exagérés s’arrêtent à dix mille. En acceptant le chiffre de M. Henri Martin (deux mille), que représente la Saint-Barthélemy ? Moins que ce que la cour prévôtale du Châtelet fit à elle seule, en 1871, massacrer à la caserne Lobau.

Eh bien ! passons les murs de Paris, prenons toute la France, car la Saint-Barthélemy eut son contre-coup partout. À Toulouse, à Meaux, deux cents victimes : en 1871, on en tua plus dans la Madeleine, seulement. À Rouen, à Orléans, cinq cents : en 1871, c’est à peu près le chiffre de Mazas. Et pour l’ensemble, M. Henri Martin compte de dix à vingt mille morts : le chiffre donné par les exécuteurs, pour la semaine de Mai, est précisément dans cet intervalle : dix-sept mille. Le chiffre probable de 1871, trente mille, n’est attribué à la Saint-Barthélemy, que par le « Martyrologe des protestants ».

Je le répète, il s’agit de comparer, non la nature et l’horreur des deux actes, mais la largeur des deux taches de sang. Mais si, d’une part, il est inexact de mettre en parallèle la guerre civile de 1871 et le guet-apens de 1572, il ne serait pas moins inexact d’établir une assimilation entre les circonstances de la « répression de Mai », et celles de la « Terreur ». Les massacreurs de Mai étaient des vainqueurs impitoyables qui faisaient en toute sécurité une immense tuerie de vaincus. Ils