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dissement mais on peut admettre, au total, que près de 90,000 électeurs étaient morts, prisonniers, en fuite ou se cachaient, en juillet 1871.

Des conseillers municipaux firent une enquête privée sur les résultats de la répression au point de vue de la population ouvrière. Ils arrivèrent, si j’ai bonne mémoire, à cette conclusion que 100,000 ouvriers environ avaient disparu.


LXVI

COMPARAISONS

Le lecteur connaît maintenant le massacre que l’on qualifie de répression. Ces sanglantes horreurs reviennent de loin en loin dans l’histoire. Aux temps de calme, les boucheries du passé semblent les marques d’une barbarie d’où l’humanité est sortie depuis. Ainsi apparaissaient aux grands esprits du dix-huitième siècle les atrocités du moyen âge ou des guerres de religion. Ainsi apparaissaient aux hommes du dix-neuvième siècle les tueries des guerres civiles anciennes. Soudain, de grands désastres bouleversent la société, et, dans cette civilisation si fière de son humanité, les hommes apparaissent plus sauvages qu’autrefois.

À cet égard, le massacre de Mai est digne d’une place à part. Il n’y a rien de tel dans toute notre histoire.

Assurément, il est impossible de comparer, au point de vue moral, la fureur qui suivit une guerre civile avec une trahison infâme, en pleine paix, comme celle de la Saint-Barthélemy. Mais cette Saint-Barthélemy, l’exécration de l’histoire, est, par le nombre des victimes,