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M. Maxime Ducamp, on le sait, a poussé la haine de l’insurrection communale presque jusqu’à l’hallucination. Voici ce qu’il raconte dans le tome II des Convulsions de Paris.

Il habitait alors une maison prenant jour à la fois sur le chemin de fer de l’Ouest et sur la rue de Rome, en face de la rue de Naples. Le lundi matin, vers six heures et demie, il fut averti de l’entrée des troupes. Il se mit à sa fenêtre. Des fédérés passaient, battant en retraite sur les Batignolles. Presque derrière eux, arrivent les pantalons rouges. Ils se dispersent aussitôt de maison en maison. Un peloton se masse rue de Naples. Tous étaient cachés. Arrive un peloton de quatorze fédérés, qui se met à remonter la rue de Rome, sans se douter qu’il était en pays versaillais. Quelqu’un leur crie d’un balcon : « Idiots, les troupes de Versailles sont ici. Jetez vos fusils. » Six laissent tomber leurs armes ; huit tirent (M. Maxime Ducamp a le sens arithmétique très développé ; il faut un témoin exact comme un compteur pour reconnaître, dans l’explosion d’une fusillade, à un près, combien ont tiré). M. Ducamp ajoute qu’ils tirèrent sur le donneur d’avis. Le mouvement le plus naturel était de tirer dans le sens où l’on supposait les troupes. À quoi M. Ducamp reconnaît-il qu’on visait l’homme du balcon ? À ce qu’il n’a pas été touché, comme le constate notre auteur ? C’est une forte présomption, ce n’est pas une preuve.

Quoi qu’il en soit, la troupe s’empare de huit des fédérés, les mène dans une cave de la rue de Naples, et les fusille. M. Ducamp a été voir les huit cadavres.

Un fait plus grave et plus extraordinaire s’est passé boulevard de Courcelles, en face du parc Monceau, au coin de la rue de Prony. Un limonadier était établi là. Lors de l’entrée des troupes, les officiers du bataillon