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lugubre office : on les remplit de cadavres. Les fourgons se succèdent là sans cesse, chargés de leur fardeau repoussant ; d’autres fourgons pleins de chaux les suivent, et les tranchées se remplissent peu à peu de cadavres et de chaux. »

Un de mes amis a vu à Montsouris, le long du chemin de fer de ceinture, des tranchées où l’on porta aussi un grand nombre de corps.

Plusieurs journaux mentionnent des tranchées creusées au Champ-de-Mars. « Le bruit courait hier à Saint-Germain, dit notamment la Liberté du 30, que des tranchées profondes avaient été creusées au milieu du Champ-de-Mars. Tous les cadavres des insurgés y auraient été apportés des différents quartiers de Paris. On aurait ensuite répandu sur cet amas de cadavres toutes les barriques de pétrole qui se trouvaient encore dans les entrepôts.

» C’est de ce brasier, disait-on, que s’élevait l’immense colonne de fumée qui régnait sur Paris encore hier soir. »

Le Petit Moniteur du 30 mai confirme ce témoignage. Cette idée de la crémation s’était présentée alors à tout le monde, tant on craignait l’infection de l’immense charnier qu’était alors Paris.

Le 28 mai, le Soir publiait un article signé Bertall, intitulé la Crémation :

« Ceux qui ont assisté au triste et douloureux spectacle de Paris ensanglanté, et qui ont vu les cadavres jonchant le sol et envahissant les maisons, théâtres des luttes acharnées de ces deux jours, sont tous d’accord pour dire que la terre va manquer dans les cimetières…

» Évidemment, ajoute l’auteur, si tous ces corps sont enterrés ou dans Paris même ou aux environs, il va se