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qu’on ne voyait pas où étaient passés les morts innombrables de Belleville. Même avec les chiffres plus forts que j’ai donnés, on ne le conçoit pas bien. On arrive seulement à 2 ou 3,000 ; 1,800 pour le Père-Lachaise. Or la cour martiale de la Roquette, à elle seule, paraît avoir fait ce nombre de victimes. Où allaient ces tombereaux sur lesquels des prisonniers racontent avoir chargé, l’un dix-neuf cents, l’autre treize cents corps ? — Le Gaulois du 1er juin nous l’apprend ; il dit dans une lettre de Paris :

« Dans plusieurs quartiers, à Belleville, à Popincourt, près de la Roquette, on enlève les cadavres que l’on ensevelit entre une double couche de chaux et de terre dans les tranchées creusées à Charonne et à Bagnolet. »

On faisait de même sur la rive gauche. À Ivry, notamment, les cimetières ne reçurent pas tout ce qu’on apportait de corps. On les enterra dans toute la plaine de Villejuif. Suivant les renseignements très approximatifs qu’on m’a donnés, il y en aurait eu là environ 2,000. Un grand nombre de morts furent portés aussi à côté d’Issy. Le fort était entouré de tranchées, restes des deux sièges, et qui avaient été vigoureusement disputées, prises et reprises, lors de la guerre entre la Commune et l’armée. C’étaient là des fosses toutes creusées et d’une grande étendue. On y apporta notamment des victimes de l’abattoir de l’École militaire, qui fonctionna pendant toute la semaine, on le sait, du lundi 22 au lundi 29, et dont un journal disait : « Ce ne sont que détonations. »

Le Français du 29 mai, dit :

« On ensevelit chaque jour, près du fort d’Issy, un grand nombre de cadavres d’insurgés dans les tranchées qu’on avait creusées lors du siège et utilisées pour ce