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cernés et fusillés dans le cimetière de Montrouge », furent portés là.

J’ai dit, d’autre part, que la barricade de l’église de Montrouge avait fourni un effroyable contingent. Ces premières « fournées » furent donc déjà assez considérables.

Plus tard, quand, après la prise de Paris, on confia l’enlèvement des cadavres à un entrepreneur, beaucoup de voitures de toutes sortes, des omnibus, que nous avons vus se remplir de cadavres, se rendirent au cimetière Montparnasse. Le Siècle et le Temps nous apprennent qu’alors on creusa des fosses de dix mètres de long, sur deux de profondeur, où l’on couchait les cadavres vingt par vingt.

Pour Vaugirard, M. Ducamp donne 141 morts, que mes informations porteraient à 250 ; mais ici elles sont très peu sûres.

Pour Grenelle, le chiffre qu’on m’indique est celui de M. Ducamp : 30.

J’ai lieu de croire que M. Ducamp a commis pour Ivry une de ses plus fortes erreurs. Il ne compte là que six cent cinquante morts ; c’est à plusieurs milliers (à 5,000, me dit-on)[1], que s’élèverait le chiffre des

  1. J’ai reçu de M. B. Raspail, le ferme député de l’arrondissement de Sceaux, la lettre suivante, qui prouve tout au moins qu’on attribuait un chiffre très fort aux ensevelissements d’Ivry :

    « Mon cher ami,

    » On aura beau faire pour établir le chiffre des morts pendant la tuerie qui a suivi la répression de la Commune, on n’arrivera jamais à en savoir le nombre.

    » D’après votre article paru samedi dans la Justice, vous dites qu’il faut évaluer à plus de 3,500, les corps enterrés au cimetière d’Ivry.

    » Je puis vous garantir que vous êtes singulièrement loin du compte. En effet, rien que dans l’immense fosse creusée dans ce qu’on appelle le premier cimetière parisien d’Ivry, il y fut enfoui