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À Passy, M. Ducamp compte 350 morts ; on m’en indique environ 800. Je sais, d’autre part, qu’on y enterra au moins 675 corps de fusillés.

À Auteuil, M. Ducamp compte 68 corps ; on m’en indique 41 de plus.

Au cimetière du Sud (Montparnasse), M. Maxime Ducamp avoue 1,634 morts inconnus. Le chiffre qu’on m’indique (1,900) diffère moins de celui de l’académicien que les chiffres des cimetières qui précèdent.

Le cimetière du Sud n’a pas reçu en une seule fois ses fournées de cadavres. Dès le jeudi, lors de la prise de Montrouge, comme je l’ai raconté d’après la Patrie, les morts des endroits où le premier massacre avait été le plus cruel furent immédiatement conduits au cimetière.

La Patrie et le Petit Moniteur du 29 s’accordent à dire qu’une brèche fut faite à l’angle du champ d’Asile et de la chaussée du Maine, et que par cette brèche on jeta les morts dans une vaste fosse[1].

Le Petit Moniteur ajoute que « trois cents fédérés,

  1. J’ai reçu à ce sujet d’un lecteur qui habitait alors rue du Maine les détails suivants :

    Il a été fait deux brèches, l’une à l’angle de la chaussée du Maine ; l’autre, vingt mètres plus loin. On les pratiqua pour braquer des mitrailleuses sur les fédérés qui s’étaient retranchés dans le cimetière après la prise de la barricade située à la mairie du XIVe arrondissement. Il y aurait eu douze cents fédérés (?) cernés au cimetière.

    On fusilla aussi à la taillerie de diamants, boulevard des Fourneaux, derrière l’ancien bâtiment de l’octroi. (J’ai eu d’ailleurs, et j’ai notamment trouvé dans les notes du docteur Robinet, des détails sur les exécutions du boulevard des Fourneaux, qui furent affreuses.)

    « Quand j’ai visité le cimetière, ajoute mon correspondant, j’ai remarqué que des tranchées immenses avaient été faites dans les contre-allées du cimetière : les tranchées comblées formaient une espèce de dos d’âne, ce qui suppose un grand nombre de corps. »