journaux de Versailles cherchaient encore à dissimuler le peu qu’ils en purent savoir : les fédérés en déroute ignorèrent ce qui se passait derrière eux. Les historiens communalistes semblent eux-mêmes avoir à peine soupçonné les débuts de la répression. Nous avons dû en chercher la trace, ou dans des mentions incomplètes, ou dans des souvenirs privés.
S’il était des quartiers où le sang semblât devoir peu couler, c’étaient ceux d’Auteuil et de Passy. Ils étaient alors à moitié déserts : les maisons, les jardins étaient affreusement ravagés par le bombardement : dans les jours précédents, les maraudeurs y venaient piller à leur aise ; les troupes, d’ailleurs, n’avaient fait que les traverser en chassant les fédérés devant eux. Eh bien ! les premiers reporters versaillais qui s’y aventurèrent à la suite de l’armée, y virent des morts qui n’étaient assurément pas tombés dans la lutte peu sérieuse des premières heures.
On lit dans le Moniteur universel et dans le Soir du 24 :
« Les rues d’Auteuil et de Passy sont jonchées de cadavres fédérés. Derrière les murs du cimetière d’Auteuil soixante morts sont couchés les uns sur les autres. C’est une compagnie, qui, cernée par nos soldats, a refusé de se rendre, et a été détruite. »
Remarquez l’euphémisme détruite et la précaution oratoire cernée par nos soldats. Tout le monde sait que trente hommes qui ont encore des armes et qui se défendent désespérément ne tombent ni le long d’un mur, ni en tas.
Un reporter du Gaulois, qui signe Gaston de Pressac, est entré à Paris dès le lundi 22, et raconte son voyage d’une façon fort intéressante. Il traverse, dans le silence et dans la solitude les quartiers en décombres qui entourent la Muette, et voici ce qu’il voit :