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de combattre… La société n’a pas à s’enquérir des culpabilités plus ou moins grandes ni à les châtier. Son œuvre est plus modeste : elle retranche de son sein les éléments dangereux ou les réduit à l’impossibilité de nuire…

» Il ne s’agit ici pour elle ni d’équité ni de morale…

» La mort n’est point un châtiment. Qui pourrait s’arroger le droit d’ôter la vie à son semblable ? C’est une précaution.

» Voilà des milliers d’hommes en proie à un accès d’épouvantable démence. Ils volent, ils assassinent, ils brûlent.

» C’est de l’aliénation mentale, je le veux bien.

» Mais des aliénés de cette espèce et en si grand nombre, et s’entendant tous ensemble, constituent pour la société à laquelle ils appartiennent un si épouvantable danger qu’il n’y a plus d’autre pénalité possible qu’une suppression radicale. »

Le Figaro n’y mettait pas tant de métaphysique. Les hommes de plaisir qui le rédigeaient n’avaient pu encore étancher leur soif de sang : les exécutions de Mai ne leurs suffisaient pas.

Le journal boulevardier dirigé par M. de Villemessant, publiait le 8 juin l’article intitulé : « Entreprise générale de balayage parisien » d’où j’extrais ce qui suit :

« L’armée est entrée par la brèche au milieu des barricades et des ruines fumantes : donc les Parisiens doivent subir les lois de la guerre, si terribles qu’elles puissent paraître… Aujourd’hui la clémence serait de la démence… Tout en espérant le prochain rétablissement de la légalité, il est à désirer que Paris reste sous le régime militaire jusqu’à ce qu’il soit complètement épuré.

» Voici, à mon avis, par quels moyens on arrivera à ce résultat :