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laissez-passer. Et pour avoir ce laissez-passer, il fallait faire queue de longues heures à la préfecture de police ; encore était-il souvent refusé sur un soupçon. Maintenant, c’était bien différent. Il fallait encore un laissez-passer, mais on le demandait à l’autorité militaire, au palais Bourbon ; on faisait queue des journées entières (voir le Siècle du 1er juin).

Sous la Commune, des officiers de fédérés, brutalement, dans les kiosques, saisirent des paquets de journaux opposés à l’Hôtel-de-Ville, les déchirèrent. H. Rochefort flétrit énergiquement cette violence dans le Mot d’Ordre. En juin, tout était changé. Tel officier de l’armée, lecteur du Figaro (où M. Saint-Genest dénonçait assidûment ses confrères du Siècle), s’indignait de voir dans les kiosques des numéros du Siècle, les confisquait et les lacérait, mais sans les payer, bien entendu. (Nation française du 7 juin.)

La Commune par un décret vexatoire qui ne fut jamais exécuté, exigeait que tout citoyen eût une carte de civisme. Le Figaro recommande l’imitation de ce moyen au gouvernement. Le gouvernement n’en avait pas besoin. Il avait mieux : les dénonciations, les chassepots, les perquisitions partout.

Et puis la police veillait. Un de nos amis se trouvait à une table d’un café, boulevard Saint-Michel, avec un de ses camarades. Celui-ci lisait le Figaro, et, irrité par les dénonciations dont l’honnête feuille était remplie, froissa, rejeta le journal avec colère… Un agent s’approcha, voulut arrêter le lecteur coupable d’indignation vis-à-vis du Figaro : celui-ci dut prétendre qu’il n’avait nul mauvais sentiment pour le journal de M. de Villemessant.

On massacrait non seulement à Satory mais encore dans Paris même ou à côté, au moins sur trois points.