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qu’on fit à ce moment ont été très incomplètes. Quand, des années plus tard, on fit, devant le parc Monceau, des travaux pour poser les rails des tramways, on trouva des ossements de fusillés.

Paris, pacifié, n’en resta pas moins ville conquise. La terreur militaire et policière se continua. Pendant de longs mois, les patrouilles de cavalerie, le sabre au poing, ou le mousquet sur la cuisse, sillonnèrent les rues paisibles. Le Bien public, journal officieux, raconte dans son numéro du 15 juin, un incident qui montre à quel point Paris était traité militairement. Un attroupement s’était formé au coin de la rue de la Chaussée d’Antin, à cause d’une querelle avec un cocher qui refusait de marcher. Une patrouille qui passait, accourt le sabre haut, disperse brutalement l’attroupement, et menace de faire fermer les cafés.

Chaque quartier avait à sa tête un militaire. La circulation fut défendue les premiers jours. Une note affichée du général Laveaucoupet qui commandait dans les huitième, neuvième, dixième arrondissements, donne l’idée du régime auquel Paris était soumis. J’en détache ces deux articles :

« 1o Les officiers et employés militaires ont seuls, en uniforme, la libre circulation et aucun laissez-passer ne sera délivré aux civils.

» 2o Les troupes feront des perquisitions dans toutes les maisons des arrondissements sus-désignés, afin de procéder à l’enlèvement des armes de toute nature, et à l’arrestation des individus suspects.

» Fait au quartier général, gare du Nord.

» 29 mai 1871. »

Les portes des fortifications étaient gardées et interdites. Des rondes de mouchards surveillaient les soldats qui les gardaient.