Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/353

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sous les ordres du lieutenant-colonel Faltot. Ils offrirent de se rendre moyennant certaines conditions, par exemple la vie sauve et des passeports.

« Ces réserves, dit M. Vinoy, cachaient un piège auquel il eût été puéril de se laisser prendre. »

Le piège consistait en ceci, qu’ils essayaient d’éviter le massacre. Ce que M. Vinoy trouvait puéril c’était de ne tuer aucun prisonnier !

Tel était aussi l’avis de M. de Mac-Mahon. M. Vinoy cite, aux pièces justificatives, la lettre que le maréchal lui adressa à ce sujet.

Je la reproduis :

« Quartier général, 29 mai.
» Mon cher général,

» Nous devons admettre le cas où les insurgés ne voudraient pas se rendre, à moins de conditions pour nous inacceptables. Nous ne pouvons les recevoir à composition qu’autant qu’ils se rendraient à discrétion. »

La suite explique le sens de cette phrase d’une façon qui ne laissera place à aucun doute.

Les fédérés se révoltèrent contre leurs chefs, qui refusaient de capituler dans ces conditions et menaçaient de faire sauter le fort. Les portes furent ouvertes à l’armée. M. Vinoy y entra lui-même. Il dit que « dix individus plus ou moins coupables » furent traduits devant la cour martiale. Pas un mot ne permet de deviner qu’ils furent exécutés. M. Vinoy ne veut pas se compromettre.

Mais M. l’abbé Crozes, qui connaissait et cherchait à sauver un des fusillés, nous donne, d’après l’aumônier du fort, des renseignements plus précis.

Une cour prévôtale fut improvisée dans le fort même. On lui amena les personnes suivantes :