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même. Un commissaire de police et des agents de la police de sûreté furent chargés du premier examen. Ceux désignés pour être fusillés étaient dirigés vers l’intérieur : on les tirait par derrière pendant qu’ils marchaient, et on jetait leurs cadavres sur les tas voisins. Tous ces monstres avaient des figures de bandits. Les exceptions étaient à regretter. »

Telle est la réflexion qu’inspirait au journal conservateur ce hideux massacre : les exceptions étaient à regretter.

Une partie du 110e de ligne n’était pas sortie de Paris après le 18 mars : mais elle ne servit pas la Commune. Elle rejoignit l’armée entrée dans Paris. Les soldats qui se trouvaient dans ce cas, comparurent plus tard devant le conseil de guerre, mais on ne les condamna pas très sévèrement. L’un d’eux (un graveur sur bois) était à la Roquette. Il a depuis raconté à un de mes amis qu’il avait vu les fusiliers marins exécuter treize cents personnes en une nuit ! Le compte était facile à faire. On exécutait par fournées régulières, suivant le système décimal ! Ce soldat et d’autres prisonniers portaient les cadavres dans des chariots à la porte.

Ce témoignage confirme exactement celui que publie M. Lissagaray. Calculez d’après cela le chiffre des victimes. Trois cents pour les premières heures (Times), treize cents pour une nuit (le soldat du 110e), dix-neuf cents pour vingt-quatre heures (Lissagaray), et le massacre ne cessa que le troisième jour ! Cela suppose trois ou quatre mille fusillés à la Roquette, à peu près autant qu’au Châtelet, probablement.