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faut considérer que les massacreurs de la caserne Lobau eurent six jours, tandis que ceux de la Roquette n’en eurent que deux ou trois : et ils rattrapèrent le temps perdu.

M. Maxime Ducamp a consacré une grande partie d’un de ses gros volumes à la prison de la Roquette. Il a complètement oublié de parler de ces exécutions. Elles sont pourtant bien connues : les journaux de Versailles, la presse étrangère en ont parlé. Les gardiens de la prison, qui ont fourni au nouvel académicien de si minutieux détails, ont assurément conservé quelque souvenir de cette affreuse effusion de sang. Des milliers d’exécutions, voilà ce que l’écrivain conservateur omet : nous allons combler cette importante lacune.

Je vois, dans une note qu’on me remet au sujet des événements de la Roquette, que le directeur fut fusillé dès l’arrivée des troupes. Puis, de tout le quartier, les captifs furent dirigés sur la prison. Une cour prévôtale, composée de trois officiers de marine, s’installa séance tenante. Les fusillades durèrent deux jours. Un ordre apporté par une estafette, le surlendemain, y mit fin.

Le correspondant du Times écrit au grand journal anglais :

« Quand nous passons devant la prison de la Roquette, nous entendons environ quatre-vingt-dix coups de fusil, puis une mitrailleuse, et les troupes nous crient qu’on exécute les prisonniers. »

On en exécutait, en effet, un chiffre assez étonnant. M. Lissagaray, dans son Histoire de la Commune, cite la relation d’un de ceux qui furent épargnés. Cette relation a un grand caractère de vérité, et l’on verra, soit par les extraits de journaux, soit par les témoignages que nous pouvons y ajouter, que les détails donnés par la