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ne sais quel autre journal ajoute qu’on voulut le garder quelques heures, mais qu’il n’écouta que ses devoirs… on se rappelle ce qu’étaient ses devoirs. Qui sait à combien de malheureux le zèle de M. de Gallifet coûta la vie ?

Un ancien sergent-major du 87e de ligne, aujourd’hui établi comme entrepreneur en province, m’écrit une lettre, où je lis :

« Vous raconterai-je les horreurs de la nuit du 26 au 27 ? C’était dans les abattoirs de la Villette, une pluie fine ne cessa de tomber. Toute la nuit nous entendons un bruit de fusillade. Le matin je me rends avec un ami du côté d’où ce bruit venait. Nous y voyons un monceau de corps : la pluie suintait, et le pavé était couvert de sang !

» J’ai été heureux d’avoir à exécuter des perquisitions rues de Crimée et d’Allemagne à la tête de quelques braves garçons de ma compagnie. Combien de malheureux n’avons-nous pas fait évader ! — Mais nous avions de bien mauvaises notes, nous ne trouvions jamais personne. »

Le massacre du Père-Lachaise a été hideux.

On a tué d’abord aussitôt après les combats. « On a fusillé tous ceux qui résistaient quand même », dit le Soir du 28. Puis on a exécuté là des prisonniers les jours suivants. Le Gaulois du 2 juin raconte comment on a exécuté le long du mur de Charonne cent quarante-sept fédérés. « Nous manquons de courage, dit-il, pour décrire le spectacle de cent quarante-sept hommes exécutés sur la place et entassés les uns sur les autres. » Un cent quarante-huitième s’est sauvé dans une excavation : on l’y a tué.

Le chef-d’œuvre, c’est le mot du Figaro du 5 juin :

« En se dirigeant vers le cimetière provisoire des