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On dirait ces villes, ces pays que les conquérants voulaient rendre déserts, et d’où une soldatesque impitoyable emmenait, après le massacre, les populations prisonnières.

Le général de Gallifet, cette fois, était entré dans Paris : c’était lui qui opérait. Je lis dans le Gaulois du 30 : « La brigade Gallifet a ramené un convoi de 5,000 prisonniers faits dans l’affaire de nuit. » — Le chiffre de 5,000 vous paraît impossible ? Lisez la Patrie du 30 : « Hier, dimanche, un immense convoi de prisonniers, venant de Belleville, se dirige vers l’ouest de Paris. » La Patrie estime qu’ils étaient 5 ou 6,000. Elle dit que la tête de la colonne était à l’Arc-de-Triomphe quand la queue était encore place de la Concorde. Le Times plus modéré, dit : « Un grand nombre de prisonniers viennent de traverser les boulevards escortés par de la cavalerie. On les évalue à 5,000 ; mais c’est probablement une exagération. »

Et puis après ce convoi, la Patrie en mentionne un autre de deux mille cinq cents.

Ces interminables convois laissaient des cadavres, dans toute la longueur de leur route.

L’Anglais, dont j’ai déjà cité le récit publié par le Macmillan’s Magazine d’octobre 1871, faisait partie d’un de ces convois. Il peint les scènes qui se passaient avant que la colonne se mît en route :

« Un pauvre enfant de neuf ans se tenait près de moi. Il ne faisait entendre ni un cri, ni une plainte ; il restait tranquillement à mon côté, jetant sur ma figure un regard furtif. À la fin, il s’aventura à glisser sa petite main dans la mienne ; jusqu’à la fin de cet horrible jour, il ne cessa pas son étreinte, à moins d’une absolue nécessité.

» Pendant ce temps, les exécutions continuaient ;