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Déjà après une promenade du côté de boulevard Richard-Lenoir, le Temps disait :

« Tout est en ruine aux environs : des vêtements à larges taches rouges, des cadavres noirs de poudre, des chevaux éventrés, des armes et des caissons fracassés… La terre, par plaques humides, semblait détrempée de sang. »

Et ce journal cite le Siècle :

« On dit que les Buttes-Chaumont et le Père-Lachaise sont jonchés de cadavres. Il faut s’attendre à une horrible peste, si l’on n’avise aux moyens de la prévenir. »

La Patrie du 31 mai, enfin, décrit la rue de Puebla avec des mares de sang.

Tel était l’aspect des quartiers que l’officier de zouaves pontificaux qui causait avec le correspondant du Times, trouvait encore trop épargnés.


LIII

BELLEVILLE, LA VILLETTE, ETC.

(suite)

Le caractère de la victoire de l’armée, dans les derniers quartiers conquis, c’est que toutes les horreurs qui se sont produites ailleurs y apparaissent avec des proportions énormes. Le massacre y tourne à l’extermination, les abattoirs y ont d’effroyables montagnes de cadavres. Il en fut des prisonniers comme des fusillés : ce ne sont plus des centaines de suspects, ce sont des milliers qu’on emmène. Rien de pareil ne s’était vu depuis les victoires barbares de l’antiquité.