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Tous les détails qui précédent sur les Buttes-Chaumont viennent du côté des exécuteurs.

Un autre épisode à Charonne :

Des chasseurs à pied, commandés par un lieutenant, s’emparent d’une barricade, rue de Bagnolet. Un peu après, ils rencontrent une vingtaine de fédérés. « Rendez-vous, crient les chasseurs, il ne vous sera rien fait. » Les fédérés, confiants, viennent déposer leurs armes près de la barricade. Puis, le lieutenant leur dit : « Allez, vous êtes libres. » Mais, comme ils se retiraient, un feu de peloton bien nourri les frappe par derrière, et les étend tous sur le sol, devant le numéro 68 ou 70.

Au nombre des fusillés se trouvait un enfant d’une quinzaine d’années, portant une blouse grise et le brassard des ambulances. L’officier fit enlever au cadavre la blouse et le brassard.

Des pompiers auxiliaires ont enlevé les corps le soir, et les ont ensevelis boulevard Puebla.

Je tiens ces faits d’un témoin oculaire, qui demeurait, 65, rue de Bagnolet, à l’endroit même où eut lieu l’exécution.

Rue de Tourtille, un officier a tué dix ou douze fédérés à coups de revolver.

On fit des exécutions dans un terrain vague : notamment celle d’un enfant de dix-neuf ans, fils du concierge du no 39 et coupable de porter un pantalon à bande.

Un concierge de la rue de Belleville a dénoncé tous ses locataires. L’officier, indigné, a bien fusillé les locataires, mais il a fusillé le concierge aussi.

Les gardes nationaux de l’ordre furent plus furieux que les soldats.

On n’en finirait pas à raconter les exécutions isolées.