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mais passer sans protestation les attaques qui pourraient être dirigées contre le gouvernement, à raison des faits qui ont suivi la rentrée des troupes dans Paris. »

L’honorable fonctionnaire a dû s’en tenir, faute de mieux, à cette protestation platonique. Mais n’est-ce pas chose curieuse, que cette obstination contre l’évidence ? On ne peut pas nier : on proteste toujours.

Encore un épisode qui se rattache à l’abattoir de Mazas. J’ai déjà parlé des exécutions de pompiers. En voici qui sont constatées officiellement, judiciairement. La veuve d’un caporal de pompiers, fusillé à Mazas, obtint un jugement constatant la mort de son mari. Les témoignages qu’elle a produits, ceux qui ont été apportés au tribunal, établissent tous les détails de cette exécution.

Quel était ici le crime puni par la peine capitale ? — Être resté à Paris. Or, se rendre à Versailles, pour un employé, ce pouvait être une obligation légale ; pour ces soldats intrépides et dévoués qui ne combattent que les flammes, c’était une sorte de désertion. Tant que le gouvernement ne pouvait pas entraîner à sa suite la population parisienne et les maisons elles-mêmes ; tant qu’il y avait des biens, des existences à protéger, la place du corps était à Paris, surtout dans un temps de guerre civile.

Malgré cela, le gouvernement avait appelé les pompiers à Versailles ; comme si, après avoir abandonné Paris, il voulait, en manière de châtiment, le livrer sans défense à l’incendie. La plupart des pompiers étaient restés ; ils avaient élu de nouveaux officiers. C’est pour cela qu’ils furent tous traités en criminels. On mit plus tard les rigueurs dont ils furent l’objet sur le compte de la fable, alors répandue, de pompiers