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alors que l’armée était maîtresse du quartier depuis quarante-huit heures, Popp sortit avec son camarade Huberty pour acheter du tabac. Au bureau de tabac, ils se trouvent en présence d’un officier de marine. Les deux jeunes gens, croyant n’avoir rien à craindre, avaient gardé, Popp, sa vareuse et son tricot rayé de matelot ; son camarade, sa vareuse de mobile. (On sait qu’une grande partie de la population portait alors quelques pièces de l’équipement militaire.)

Ces vêtements suffisent à l’officier de marine. Les deux jeunes gens ne pouvaient être que des déserteurs passés à l’insurrection. Il appelle des marins, et, le revolver au poing, conduit les deux prisonniers à Mazas. Popp jure en vain qu’il ne s’est pas battu et qu’il est à Paris en vertu d’un congé régulier ; demande en vain à être conduit chez son père, qui demeure tout près, à faire entendre des témoignages qui prouveront son innocence… Les deux malheureux sont conduits à Mazas.

Depuis ce temps, Popp a complètement disparu. Son père n’a pas pu retrouver ses traces.

En 1871, le camarade de Popp écrivait des pontons à la mère du malheureux :

« Brest, le 20 août 1871.
» Madame,

» Je m’empresse de répondre à votre lettre en date du 6 août dernier.

» Je me suis trouvé à la maison cellulaire de Mazas avec votre fils, mon camarade. Lorsque je fus transféré à Versailles, votre fils ne se trouva pas avec nous. Depuis ce temps, j’ignore ce qu’est devenu votre fils.

» Je regrette de ne pouvoir vous donner d’autre détail.

» Agréez… »

» César Huberty.
» (à bord de l’Hermine, en rade à Brest). »