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LI

L’ABATTOIR DE MAZAS

Dans l’histoire de la Commune, la prison de Mazas n’a pas laissé les souvenirs sinistres de la Roquette : les fédérés n’y versèrent pas le sang. En revanche, aussitôt qu’elle appartint à l’armée, on y exécuta les prisonniers par centaines.

Ici, je suis en présence d’une constatation officielle. Le conseil municipal se trouva amené, sur une demande en autorisation de disposer d’un livret de caisse d’épargne, à faire une enquête qui jeta quelque lumière sur les exécutions faites à Mazas. J’ai sous les yeux le rapport de M. Lafont, au nom de la 4e commission (annexé au procès-verbal du 10 avril 1877), et le procès-verbal officiel du même jour. Dans l’enquête, le préfet de police Voisin dut constater une partie des faits ; dans la discussion, l’ancien adjoint au maire du XIIe arrondissement, M. Dumas, constata le chiffre des victimes.

Voici les faits officiellement constatés.

Popp (Michel-François), demeurant avec son père, 67, rue de Reuilly, après avoir obtenu en 1866 un prix d’apprentissage et après être sorti d’apprentissage le 1er janvier 1870 avec d’excellents certificats, s’engagea à dix-sept ans dans la marine, pour la durée de la guerre, comme ouvrier mécanicien de 3e classe. Il fut congédié régulièrement, le 9 mars 1871, partit de Brest avec un congé en bonne forme, et arriva à Paris le 16 mars.

Servit-il la Commune ? Le rapport de M. Lafont le nie, et le préfet de la Seine, qui essaya de le contredire dans le débat, ne put alléguer aucune preuve. Le 27 mai,