Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/320

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cruel, de voir le peu de chemin fait dans les journées du jeudi et du vendredi.

Le mercredi soir, l’armée avait presque toute la rive gauche et l’Hôtel-de-Ville, couchait à la porte Saint-Martin, occupait la gare du Nord. Deux jours après, elle était à la place du Trône et dépassait à peine la place de la Bastille ; elle longeait le boulevard Richard-Lenoir. Mais les derniers défenseurs de la Commune allaient être pris dans un vaste coup de filet. Le samedi, les troupes de Vinoy, partant de Bercy, les troupes de Ladmirault venant de la Villette, se glissent, au-devant l’une de l’autre, le long des fortifications, — les fédérés étaient cernés.

C’est ce jour-là qu’on s’empara du Père-Lachaise.

Le samedi soir, il ne restait aux fédérés qu’un morceau du XIe et du XXe arrondissement. Les derniers coups de feu de la bataille furent tirés le dimanche matin. Les derniers coups de canon fédérés furent tirés à dix heures rue de Paris. La dernière barricade fut celle de la rue Ramponneau. Elle n’avait qu’un défenseur : il put s’échapper.

Tous les massacres que nous avons racontés jusqu’ici sont anodins, en comparaison de ce qui se fit dans ce dernier refuge de la Commune.

Là, ce ne fut plus du massacre, ce fut de l’extermination. Certains quartiers furent dépeuplés. Un de nos amis qui traversa, aussitôt après la répression, Belleville, les environs de la Roquette, n’y trouva qu’une solitude absolue, un silence de mort. On eût dit une ville morte.