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fédérée. La première barricade, en avant du pont, fut évacuée, n’étant plus tenable. Les fédérés étaient postés dans deux maisons : l’artillerie de l’armée y alluma l’incendie. Deux compagnies du 109e tentèrent de franchir le pont, et se replièrent avec pertes.

La lutte durait depuis dix heures du matin ; le soir seulement, le feu des canonnières ayant balayé le quai, des sapeurs purent établir une passerelle sur le canal. Les soldats s’élancent, suivent la berge, passent sur le pont d’Austerlitz, remontent par le quai de la Râpée et prennent la barricade à revers[1].

Un peu plus loin, on s’était heurté contre une autre position formidable : la Bastille. Deux énormes barricades protégeaient la rue Saint-Antoine et interdisaient l’approche, même à l’artillerie. La terrasse de la gare de Vincennes était garnie de fédérés. Les troupes régulières durent cheminer à la sape à travers les maisons. On renonça à emporter la place le jeudi ; on ne l’emporta que le lendemain (le vendredi, à deux heures), et encore n’en vint-on à bout que quand les troupes, s’étant emparées du pont d’Austerlitz, et suivant la voie du chemin de fer de Vincennes, prirent la gare et la place à revers.

La bataille fut acharnée aussi au Château-d’Eau : une barricade défendue avec la dernière énergie, des incendies à l’entrée du boulevard Voltaire, arrêtèrent longtemps la troupe. Jeudi soir, elle n’en était pas encore maîtresse. Le vendredi soir, elle s’arrêtait devant la barricade en arrière de Bataclan[2].

Il suffit, pour comprendre combien le combat fut

  1. Vinoy, l’Amnistie et la Commune. — Maxime Ducamp, t. II, La Marine.
  2. M. Vinoy. — M. Lissagaray.