non dans les bâtiments, mais dans la cour. Pour lit, ils avaient le sol et d’infectes bottes de paille ; pour nourriture, un morceau insuffisant de pain noir ; et pour boisson, un peu d’eau, pas assez pour leur soif. On en croira le journal de M. Pessard (no du 30 mai) ;
« Nous apprenons que plusieurs députés qui ont visité le camp de Satory, se sont émus du pitoyable état des prisonniers… Il y en a plusieurs milliers qui se trouvent à découvert, exposés jour et nuit au vent, au soleil, à la pluie, n’ayant pour se coucher que la terre humide et boueuse. La nourriture qu’on leur distribue se compose uniquement de pain ; elle est insuffisante. Ils n’ont pas la quantité d’eau nécessaire pour étancher leur soif. »
Le premier jour, le soleil frappait sur eux tout à son aise. Pas d’ombre, pas d’abri. La plupart n’avaient pas de coiffure, j’ai dit pourquoi. Tant de souffrances et tant d’angoisses les avaient égarés. On disait au rédacteur du Times qui les visita, que les chefs de la Commune les avaient enivrés avec un mélange d’eau-de-vie et de tabac. Étrange et tenace ivresse, que ni le long voyage de Paris à Versailles, ni les heures écoulées depuis leur arrestation, n’avaient dissipée ! Le lecteur sait ce qu’il faut penser de cette imagination. Les prisonniers étaient pour la plupart étrangers à la Commune et arrêtés chez eux : et c’était la sévère ivresse des tortures, des angoisses, avec les troubles cérébraux qu’elle entraînait, qu’on mettait sur le compte de l’alcool.
Tant que le ciel resta pur, les douleurs de la prison furent relativement modérées. Le jour, on brûlait, et plus d’une congestion se produisit ; la nuit, on grelottait dans les haillons ; mais à partir du jeudi, le temps se gâta, des orages crevèrent, de longues pluies détrempèrent le sol. Alors le supplice n’eut plus de nom. Qu’on imagine le sort des malheureux, trempés dans