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nier, sur lequel une femme se jeta, à la porte de Viroflay, pour lui arracher son képi et ses galons.

Plusieurs journaux parlent aussi d’une cantinière prisonnière, qui portait sur la poitrine la médaille militaire, gagnée par elle lors du siège prussien, à l’affaire de Châtillon (septembre 1870) ; on se jeta sur elle, on la frappa, on lui arracha la médaille.

Le Times, dans sa correspondance du 23, citée plus haut, raconte qu’un convoi de femmes était reçu « avec des rires insultants, des plaisanteries d’un triste goût, même des insultes indécentes », et qu’une cantinière ayant le képi sur la tête, une femme le jeta à bas d’un soufflet. La cantinière fondit en larmes.

Un de nos plus sympathiques confrères, correspondant d’un grand journal anglais, m’a raconté avoir assisté à la scène suivante :

Le jour de la Fête-Dieu ou de l’octave de la Fête-Dieu, Versailles était plein de reposoirs. Un convoi de prisonnières passait devant la cathédrale Saint-Louis. Une vieille dame qui sortait du service religieux avisa une cantinière qui ne saluait pas le reposoir : « Pourquoi ne pas saluer le bon Dieu ? » La cantinière refusa. La vieille dame, de son livre de prière aux fermoirs de métal, la frappa si brutalement à la bouche qu’elle lui brisa les dents. Les dames pieuses qui se trouvaient là applaudirent, tant le service religieux laisse dans les âmes dévotes de charité chrétienne !


XLVI

UNE HALTE

À la place d’Armes, il y avait une halte. On faisait asseoir les prisonniers dans la poussière. Ce n’était pas