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M. L*** médecin d’une ambulance, tombé d’une attaque d’apoplexie sur la route, comme je l’ai raconté, arriva dans la voiture d’une cantinière, la foule s’en prit d’abord à cette femme. « Voilà une cantinière de fédérés. — Mais non, on a réquisitionné ma voiture pour porter ce monsieur. — Ce n’est pas vrai ! » disaient les uns ; les autres jetaient le malade à bas de la voiture. Un chirurgien de l’armée passait. Ou lui dit : « Voilà un médecin. »

Il répond : « Il n’y avait pas de médecin dans la Commune. »

Et la foule interrogeait M. L***

— Que faisiez-vous ?

— Je soignais les blessés.

— On ne soigne pas des gens comme cela.

C’étaient les mêmes idées qui faisaient achever les blessés et arrêter les médecins. Elles se retrouvaient à Versailles dans la foule… chez les médecins eux-mêmes !

M. L*** avait la chance d’arriver isolément. Cela ne l’empêcha pas de recevoir un coup de sabre. Un peu après. La colonne où se trouvaient les personnes arrêtées au Rappel fut plus maltraitée. Les insultes, les coups pleuvaient. Il y avait des blessés. On criait : « Il faut les achever. » Des femmes frappaient avec l’ombrelle. On arracha la barbe d’un prisonnier. Les soldats disaient : « Soyez tranquilles, on va leur faire leur affaire là-haut. » Pour satisfaire la foule, il fallut encore faire mettre la colonne à genoux ! Les coups de crosse et de plat de sabre tombèrent une fois de plus sur les malheureux.

À la place d’Armes, on les obligea à saluer le « Palais du grand Roi ».

Je lis dans le Siècle du 1er juin :