route, et dont l’enfant vivait encore à l’arrivée à Versailles.
Il faut le dire, à ce moment-là, si l’on eût cherché des bêtes sauvages, non à la physionomie, mais aux actes, c’est dans les spectateurs qu’on les aurait trouvées.
On a dit pour les violences de la foule de Versailles ce qu’on a dit pour les exécutions sommaires : on les a rejetées sur la colère soulevée par les incendies. Or, les premiers incendies éclatèrent le mardi 23 mai, la nuit tombée, et furent connus à Versailles le lendemain. Et j’ai sous les yeux une correspondance adressée de Versailles au Times, à la date du 23 (publiée dans le numéro du 26), racontant par conséquent des faits du mardi matin ou du lundi, et qui, après avoir décrit les violences de la foule contre les prisonniers, conclut : « Quelle différence alors y a-t-il entre les partisans de la Commune et ceux du gouvernement de Versailles ? » — C’est un journal conservateur qui parle ainsi.
Hommes et femmes ne se contentaient pas des plus fortes insultes, de sauvages cris de mort : on se ruait sur les prisonniers, on les frappait, les hommes à coup de canne, les femmes à coup d’ombrelle, on leur arrachait la barbe et les cheveux, on les souffletait, on leur crachait à la figure. Et ce supplice durait tout le long de l’interminable avenue qui conduit de la porte de l’octroi au palais… plus de deux kilomètres !
Et si, parmi les misérables qui se livraient à de tels actes, il se trouvait un homme de cœur pour protester, la fureur se tournait contre lui et il courait de sérieux dangers. C’est, on le sait, ce qui arriva, pour l’honneur des lettres, à deux écrivains. D’abord à M. Louis Ratisbonne, le poète bien connu, qui pourtant, comme rédacteur des Débats, n’était pas suspect de sentiments