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Un témoin décrit la même scène, le même jour ;

« Le dimanche suivant, je descendais l’avenue Malakoff pour arriver à l’avenue du Bois-de-Boulogne. Elle était garnie de troupes sur les deux côtés. Le milieu de l’avenue était occupé par de longues colonnes de prisonniers. Le brillant Gallifet, en bottes molles, entouré de ses officiers, parcourait les rangs des prisonniers, un carnet à la main, carnet sur lequel étaient sans doute inscrites les listes d’exécution. Tous les malheureux portés sur ledit carnet étaient dirigés vers le bois de Boulogne, par bandes de trente à quarante, et y étaient passés par les armes. Tout cela se faisait à froid, tout simplement, comme s’il se fût agi de désigner des conscrits pour tel ou tel régiment. »

Passons maintenant aux journaux français.

Voici ce que dit l’Opinion nationale du 30 mai :

« À la porte Dauphine il y a un arrêt général, un triage préalable avant de passer le rempart.

» Quatre-vingts prisonniers de toute espèce, principalement soldats de toutes armes, lignards, artilleurs, zouaves, sont mis à part. On dit qu’ils vont être fusillés. On les emmène à la droite du rempart. Vingt soldats de la ligne sont invités à remettre leur capote à l’endroit. Ils s’en vont aux applaudissements de la foule.

» Le reste du convoi continue sa route sur Versailles. »

Il paraissait à ce moment, à Versailles, un journal appelé le Tricolore, fondé pour poser la candidature du duc d’Aumale à la présidence de la République. Voici comment il raconte la scène :

» Dimanche matin, sur plus de 2,000 fédérés, cent onze d’entre eux (sic) ont été fusillés dans les fossés de Passy, et ce, dans des circonstances qui démontrent