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avant de sortir de Paris on fait halte à la Muette… pour M. de Gallifet.


XLIII

LE MARQUIS DE GALLIFET

J’arrive au personnage le plus fameux de la semaine de Mai. Dans l’histoire des exécutions, nous avons rencontré, dès le début M. de Gallifet ; nous le rencontrerons encore. On est à son aise pour mettre son rôle en relief ; il ne cherche pas à se faire oublier, au contraire. Arrêtons-nous un instant sur cette figure, aujourd’hui historique.

M. le marquis eût fait fortune dans l’Italie du quatorzième siècle. Comme les capitaines qui se mettaient tour à tour au service de villes ou de factions diverses, il a passé dans les partis les plus opposés ; je ne sais s’il a des convictions méconnues, mais malgré son attitude républicaine d’aujourd’hui, les royalistes et les bonapartistes croient également pouvoir, à l’occasion, compter sur lui. C’est aussi, comme les condottieri qu’admirait Machiavel, un homme d’une rare énergie, un soldat sans peur sur le champ de bataille, un soldat sans pitié après la victoire. On le dit sceptique, ambitieux et homme de plaisir. Il s’est montré cruel de sang-froid, avec quelque chose de railleur et de théâtral à la fois. On croirait qu’il se sent en scène quand il commande une exécution.

Rien ne le peint mieux que ses lettres écrites du Mexique, que Napoléon III avait dans son cabinet comme pièces politiques à consulter et qui furent publiées dans les papiers impériaux. M. de Gallifet, offi-