— Non, dit le journaliste, je serais repris : je ne m’en vais pas, si vous ne m’accompagnez point.
— Mais je ne puis pas partir, moi, dit-il. L’autre fit si bien que le brave sergent l’accompagna… jusque chez le confrère dont je tiens ces détails, et qui ne fut pas lui-même très rassuré en entendant sonner à sa porte, et en voyant, dès qu’il eut ouvert, un sergent devant lui.
Qu’on juge de sa surprise, quand il reconnut, derrière le susdit sergent, son ami qui semblait tout satisfait !
On causa, le journaliste sauvé pria le sergent d’accepter ce qu’il avait pour boire à sa santé.
Vous mériteriez que je vous reconduise au Luxembourg, répondit le brave sous-officier.
Même diversité dans les soldats. Telle troupe essayait de sauver les malheureux, telle autre menaçait, bousculait, tuait. Beaucoup, à la longue (comme cela a lieu dans tous les massacres), étaient éreintés, hébétés, y voyaient rouge, massacraient inconsciemment, machinalement. Ajoutez l’ivresse, — j’entends la véritable ivresse, — tant reprochée aux troupes de la Commune et qui est difficilement évitable avec des hommes rompus de fatigue, ne dormant plus, frappés du soleil de mai, épuisés par la marche et la bataille, obligés de se soutenir avec le vin ou les alcools. Je vois dans les notes du docteur Robinet que, lors de la prise de la rue du Cherche-Midi, un caporal ivre, chez un marchand de vin, visait au hasard, par gageure, pour une « tournée », tout ce qu’il voyait de vivant. Il tua ainsi une dame B***, qui se tenait à la porte de sa boutique, causant à travers la rue avec sa voisine d’en face, — puis un chien, — puis un enfant de sept ans, — puis une porteuse de pain. Les détails sont précis, confirmés par des noms