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nouveaux cadavres ; puis j’aborderai la fin de la prise de Paris, le sac de Belleville, l’affreux massacre qui couronna dignement, par une véritable extermination, cette épouvantable semaine.

Avant d’aller plus loin, quelques mots sur les exécuteurs. Il faut rappeler comment de telles horreurs furent possibles. Il se dégage, de ces récits d’exécutions accumulées, une impression inexacte. On se demande comment l’armée de la France a pu être cette armée féroce. Pourtant beaucoup de ceux qui se battaient contre la Commune avaient des sentiments d’honneur et d’humanité. L’entraînement, l’ivresse du sang, les lâches excitations de la foule, n’expliquent pas l’oubli complet de ces sentiments. Il faut, pour comprendre ce qui s’est passé, se rappeler ce qui se produit au milieu de ces bouleversements. Les sages sont réduits à l’impuissance, les furieux ont la bride lâchée. Ils agissent seuls et éclaboussent tout le monde du sang qu’ils versent.

Parmi les chefs de corps, il y en eut un au moins qui fit son possible, à ce qu’on m’assure de plusieurs côtés, pour empêcher d’abord, pour diminuer ensuite les exécutions ; c’était le général Clinchant. Mais comment empêcher la contagion de l’exemple, la fureur de beaucoup d’officiers placés sous ses ordres ?… M. Clinchant commandait aux Batignolles, à Montmartre : et le sang y coula à flots. Ses efforts, très réels, purent seulement restreindre le mal.

Parmi les officiers de tout grade, un grand nombre voyaient le massacre avec une profonde douleur. Ils purent faire beaucoup de bien. Malheureusement, rien ne rappelle les exécutions qu’on a empêchées. Ce sont des faits négatifs qui disparaissent. Les fusillades consommées restent seules.

Et puis, à ces heures-là, quiconque tue, a carte blan-