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dant la place de la Bastille. J’ai lieu de supposer que le dépôt des prisons, ainsi nommé par les agents de la sûreté, n’était autre que le Châtelet. »

Et le prudent fonctionnaire ajoute, pour se dégager :

« Directeur d’un établissement de bienfaisance et d’une ambulance, je ne me suis occupé des blessés que jusqu’au moment où ils étaient remis entre les mains de l’autorité militaire. »

Que dites-vous de ce directeur d’un « établissement de bienfaisance » qui n’a plus à s’occuper de ses blessés quand il les a remis au peloton d’exécution ?

Telle est la hideuse vérité, constatée par ces pièces administratives. — Ici, ce n’est point comme au séminaire Saint-Sulpice : les choses se passent régulièrement.

L’armée arrive, occupe l’ambulance. La police vient. Le capitaine commandant le poste lui livre les blessés. La police les mène à la cour martiale. La cour martiale les envoie à la caserne Lobau.

Savez-vous rien de plus monstrueux que ce massacre des blessés à froid ?

Ainsi, l’on évacuait les ambulances sur l’abattoir ! Ainsi, la cour prévôtale achevait les blessés ! Et si vous voulez la liste de ces malheureux arrachés au Quinze-Vingts et évacués sur le dépôt des prisons, — c’est-à-dire sur l’abattoir Lobau, — la voici telle que je l’ai copiée sur l’original, joint au récit de madame C***. On assure que parmi ces blessés, il y avait un malade.

« Extrait du registre d’ambulance établi aux Quinze-Vingts en 1871 :

» 1o Ringuet, Louis, sous-lieutenant, né à Montereau (Seine) (sic), le 18 juin 1845, évacué de l’ambulance des Quinze-Vingts sur le dépôt des prisons, le 28 mai 1871.