Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/266

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ments de la cour martiale. Plusieurs fois cependant, cédant aux instances des personnes qui se trouvaient dans une situation analogue à la vôtre, j’ai entrepris, à titre tout à fait officieux, des recherches que ma situation pouvait faciliter. Mais je n’ai pu donner satisfaction aux intéressés. »

Ainsi, le service de la justice militaire à Versailles parlait, comme d’une institution officielle, de la cour martiale du Châtelet. C’est un tribunal qui rendait des jugements. Et l’autorité militaire est obligée d’avouer qu’elle ne savait même pas les noms des condamnés !

Enfin, l’on arrive à savoir la vérité. Comment ? — En s’adressant au directeur des Quinze-Vingts. Mais ici encore il faut insister, revenir à la charge, arracher les renseignements les uns après les autres. Dans une première lettre, le directeur, M. Ory, dit seulement :

« M. Émile B*** a été blessé le 25 mai 1871… est entré ledit jour à l’ambulance des Quinze-Vingts. Il en est sorti le 25 mai pour être évacué sur le dépôt des prisons avec plusieurs autres gardes nationaux. »

Ne dirait-on pas un déplacement régulier, administratif, de malades ? Peut-on dissimuler le massacre sous une formule plus officielle ? Et qu’est-ce que ce mystérieux dépôt des prisons ?

La lettre suivante révèle tout :

« Lorsque l’armée a pris possession du faubourg et du quartier Saint-Antoine, nous avons été soumis à l’autorité militaire. Un poste a été établi dans l’hospice même ; et c’est au capitaine commandant ce poste que s’adressaient les agents de la sûreté qui avaient ordre d’emmener les gardes nationaux admis à l’ambulance. Je n’ai pas eu à me préoccuper du nom de l’officier commandant le poste. Je sais seulement qu’il était capitaine d’infanterie sous les ordres du général comman-