Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/260

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bien des choses qui se sont passées à paris dont nous ne savons rien.

» M. le président. — Les 500,000 fr. dont nous parlons ont été remis à l’autorité militaire. »

Le lecteur comprend toute la portée de ce passage. Il faut se rappeler que, dans le langage de la commission d’enquête, toute personne fusillée ou arrêtée est qualifiée d’insurgé. Soit vingt mille fusillés au moins et quarante mille prisonniers. Parmi ceux-là, beaucoup avaient des sommes importantes sur eux ; au milieu des périls de la guerre civile, des incendies, des perquisitions dans les appartements, on faisait comme le Hollandais Triebels : on portait, par précaution, ses titres et ses valeurs sur soi. Quant aux hommes compromis dans la Commune, cherchant à fuir à l’étranger, ils avaient naturellement sur eux tout l’argent qu’ils avaient pu réunir.

Il faut en rabattre, évidemment, sur les nouvelles des journaux de Versailles qui annonçaient toujours qu’on avait trouvé sur les membres de la Commune arrêtés quelques centaines de mille francs. On le disait notamment pour Varlin, qui n’avait, d’après le rapport du lieutenant Sicre, qu’une somme fort minime. Mais 501,000 francs trouvés sur 60,000 fusillés ou arrêtés, cela fait, en moyenne, moins de 10 francs par tête. Or, tout homme, saisi ou exécuté, était fouillé.

Dix francs, c’est peu. Et voici des renseignements précis, officiels : cinq cent mille francs sur l’homme exécuté par le lieutenant de la 2e batterie du 21e régiment ; cent cinquante mille francs à M. Triebels, cent mille à un Danois, fusillé aussi, probablement, à la caserne Lobau. Cela fait sept cent cinquante mille francs, soit pour trois prétendus insurgés, deux cent cinquante mille francs de plus qu’on n’en annonce