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les trois fédérés avaient déjeuné ne fut pas fusillé[1].

J’attribuais tout à l’heure ces cruautés à un intérêt politique, à des instructions supérieures. Ce qui confirme cette opinion, c’est que M. de Gallifet ne fut pas désavoué. Ce qui la confirme encore, c’est qu’un autre général fit au petit Bicêtre ce que M. de Gallifet venait de faire à Chatou.

L’armée avait fait un grand nombre de prisonniers du côté de Châtillon. On raconte que l’officier commença par faire sortir des rangs tous les soldats déserteurs qu’on put trouver parmi les insurgés. Fusillés. Puis la colonne continua sa route. Au petit Bicêtre, on rencontra le général Vinoy. Il fit arrêter la colonne. « Y a-t-il des chefs ? » — Duval sortit des rangs avec deux officiers d’état-major. « Vous savez ce qui vous attend, qu’on fasse former le peloton. » Les trois officiers fédérés sautent un fossé, s’adossent à une maisonnette où par une sinistre ironie, étaient écrits ces mots : « Duval, horticulteur, » et tombent en criant : « Vive la Commune ! »

Le fait de l’exécution m’a été confirmé par un républicain de l’Assemblée qui vit les trois cadavres, le jour même. Le général Le Flô, alors ministre de la guerre, qu’il trouva là, lui dit : « Ils sont morts comme de bons b… ». L’officier supérieur de Versailles qui a écrit le Livre anonyme intitulé : La Guerre des communeux, dit : « Tous trois avaient subi en fanfarons le sort que la loi réserve à tous chefs d’insurgés pris les armes à la main. »

D’autres exécutions de prisonniers eurent lieu le même jour.

  1. J’ai reçu une lettre anonyme racontant, à la même date, d’autres exécutions, avec des détails plus horribles, à Courbevoie ; mais, en l’absence de détails suffisamment précis, et d’un témoignage vérifié, je ne puis rien affirmer.