Page:Pelletan - La Semaine de Mai.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tribunal envoya le mari à la caserne Lobau, la femme à Satory. Il ne resta plus que les cent cinquante mille francs, dont le sort est encore ignoré.

Mais madame Triebels n’était pas femme à les laisser oublier. Elle fut relâchée par l’intervention de l’ambassade des Pays-Bas. Puis elle réclama de la belle manière. Les cent cinquante mille francs ne se retrouvaient plus. Elle intenta un bon procès au gouvernement de Versailles, qui jugea prudent de transiger. Nous avons payé, ô contribuables ! la moitié de la somme, c’est-à-dire soixante-quinze mille francs, à la veuve du fusillé !

Ce n’est point, du reste, un fait isolé : il y eut d’autres épisodes du même genre dans la semaine de Mai, et j’en trouve la trace dans l’Enquête parlementaire sur le 18 mars. (T. II, Déposition des témoins, p. 267. Déposition du colonel Gaillard, chargé de la direction du service judiciaire se rattachant à l’insurrection.)

« M. le président. — Colonel, nous désirons vous demander quelques renseignements.

» Il nous a été remis un tableau des valeurs saisies sur les insurgés. Le total se monte, en ce moment, à 501,000 francs. Nous avons été un peu étonnés de ce chiffre, car nous savons qu’un lieutenant de la 2e batterie du 21e régiment, ayant reçu l’ordre de fusiller et de faire fusiller un insurgé, a trouvé sur lui plus de 500,000 francs.

» M. le colonel Gaillard. — Je ne pourrai pas vous renseigner sur ce point. Il y a eu de ces sommes qui n’ont point été envoyées à versailles. J’ai vu, il y a quelques jours, un ministre du Danemark ; il venait demander ce qu’était devenue une somme de 100,000 francs, saisie sur un de ses nationaux fusillé près de l’Hôtel-de-Ville. Ce ministre m’a dit qu’il n’avait pu obtenir aucun renseignement.

» Nous n’avons que ce qu’on nous envoie, et il y a