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Il fut condamné.

Il ne mourut pas, pourtant. Un hasard extraordinaire le sauva. Le condamné, en se retournant, aperçut un capitaine de l’armée qui était de ses amis… Il poussa un cri, se fit reconnaître et s’évanouit !… Un instant après, il retrouvait sa femme, étendue sur une botte de paille, dans la mairie de son arrondissement, avec un commencement de fièvre cérébrale.

Jugez, sur cet exemple, ce que valaient les condamnations du Châtelet.

Un dernier trait est caractéristique. Le 2 juin, l’Avenir national racontait ces dramatiques épisodes ; le 6, il annonçait dans une note que M. M*** était venu au bureau du journal, non pour rectifier les faits, qui étaient, d’après lui, plutôt atténués, mais pour établir avec soin que ce n’était pas lui qui les avait fait publier dans le journal.

Le Hollandais fut moins heureux que le Parisien.

C’était un nommé Triebels, qui avait fait sa fortune dans son pays comme libraire. Il était d’une avarice sordide, à tel point, dit-on, que ce riche, pendant le siège prussien, allait avec sa femme profiter des distributions de soupes gratuites qu’on faisait à la caserne, à côté de l’Hôtel-de-Ville. Quand la troupe se fut emparée du quartier où ils logeaient, M. et madame Triebels voulurent sortir : ils avaient 150,000 francs chez eux. Le mari les fit coudre dans la robe de sa femme. Rue de Rivoli, madame Triebels fut traitée de pétroleuse sur sa mine et sur son costume, et le couple fut conduit au Châtelet.

Les cent cinquante mille francs perdirent le mari et la femme. On raconte qu’un des officiers ayant reconnu, dans le Hollandais, le pauvre du siège, la possession d’une telle somme aurait paru suspecte. En tout cas, le