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savoir encore. Ce qui est certain, c’est que le gouvernement de l’Hôtel-de-Ville, trahi de toutes parts, n’y voyait rien. L’histoire des agents de M. Thiers, qui pullulaient à Paris, a été en partie révélée depuis ; j’ai cité naguère M. Barral de Montaut, l’implacable chef de la 7e légion. Mais beaucoup de ces aventuriers jouaient double et triple jeu, ils servaient le bonapartisme en même temps et plus que le pouvoir chancelant de Versailles.

Ceux-là ne dépendaient pas de la police ; que faisaient ceux de la préfecture ? Ils avaient autour de la Commune quelques-uns de leurs anciens agents ; ils en eurent un dans la Commune même, Pourille, dit Blanchet, qui fut découvert et emprisonné par Raoul Rigault. Les chefs de la police ont-ils renoncé à tirer parti de cette situation ? Avaient-ils gardé des intelligences dans la place ? C’est encore un secret ; mais s’il y avait des hommes qui pussent le connaître, c’étaient les serviteurs infimes de la préfecture, les petites gens devant lesquels on ne se gêne pas, et qui arrivent à voir et à savoir tant de choses, ceux à qui la modestie de leur situation avait permis de rester à leur poste pendant l’insurrection…

Villain, homme de peine de la préfecture, exécuté le 24 mai à la caserne Lobau, sur un jugement du Châtelet, était de ceux-là.

Voyons ce qui s’est passé.

Les fédérés, avant de quitter la préfecture de police, y avaient mis le feu. Elle brûlait quand l’armée s’en empara. Des secours furent aussitôt organisés, M. Ansart, chef de la police municipale, y vint aussitôt du ministère des affaires étrangères, avec un monsieur décoré, qu’il quitta au quai de l’Horloge. Il vit le concierge Charvet en train de déménager les casiers judiciaires. Il lui tendit la main, l’appelant : « Mon ami. » Charvet était tout