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ripostaient : « C’est une indignité. » L’un d’eux, M. M… (mort tout récemment), protesta si fort qu’il faillit partager le sort des fédérés.

L’un des gardes nationaux, dit-on, criait qu’il était père de cinq enfants, et suppliait qu’on l’épargnât. M. de Gallifet commanda le feu.

Les soldats avaient horreur de l’acte qu’ils exécutaient. Le fusil leur tremblait aux mains. La plupart des balles frappèrent trop haut ou de côté. Une des victimes mal atteinte, eut la force de se relever. Un officier de l’escorte lui perça la gorge de son sabre… Tous trois sont aujourd’hui, sous trois simples croix de bois noir, dans le cimetière de Chatou.

Puis, le général se rendit à la mairie et y rédigea la proclamation suivante qu’il fit tambouriner à son de caisse par la commune.

« La guerre a été déclarée par les bandits de Paris.

« Hier, avant-hier, aujourd’hui, ils m’ont assassiné mes soldats. »

(Affirmation de pure fantaisie. Aucun acte de guerre n’avait encore eu lieu avant la veille, et c’était l’armée qui venait d’attaquer.)

« C’est une guerre sans trêve ni pitié que je déclare à ces assassins. J’ai dû faire un exemple ce matin : qu’il soit salutaire. Je désire ne pas être réduit de nouveau à une pareille extrémité, etc. etc. »

À la suite de cette proclamation, le crieur ajoutait ces mots dont on devine l’inspirateur :

« Le président de la commission municipale de Chatou prévient les habitants, dans l’intérêt de leur sécurité, que ceux qui donneraient asile aux ennemis de l’Assemblée, se rendraient passibles des lois de la guerre… »

Ajoutons pourtant que le restaurateur chez lequel