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porte. Tous les blessés sont exécutés, et dans leur nombre, un malheureux qui était à l’ambulance, non pour une blessure, mais pour une maladie.

La cour du Châtelet est impitoyable surtout pour les étrangers. « Dans la liste des individus condamnés samedi, figurait surtout un nombre considérable d’étrangers, » dit un journal conservateur de province du 1er juin, citant un journal de Paris. Et M. Garcin dit dans sa déposition : « Tous ceux qui étaient Italiens, Polonais, Hollandais, Allemands étaient fusillés. » Or, on me cite l’exemple d’un homme hostile à la Commune, arrêté chez son patron, condamné à mort le vendredi ; il avait un nom étranger, Eyth. Et je raconterai l’histoire de ce libraire hollandais, arrêté avec sa femme rue de Rivoli, et exécuté, parce qu’il avait cent cinquante mille francs sur lui.

Exécuté aussi, après jugement au Châtelet, M. Lancaster, l’un des petits locataires de la maison où M. le marquis de Forbin-Janson dénonça et fit arrêter tous ses voisins.

Exécuté après jugement au Châtelet, M. V****, chapelier, rue Saint-Honoré, fournisseur de l’armée, victime d’une délation qui n’avait d’autre cause qu’une haine particulière.

Et peut s’en fallut que M. Fine, horloger, n’eût le même sort. Un confrère, un rival, M. G***, le dénonça six fois, le fit six fois conduire au Châtelet, en disant qu’il était membre de la Commune ! Heureusement, M. Fine avait obtenu un certificat d’un officier supérieur qui habitait la maison ; plus tard, il traduisit le dénonciateur devant la justice et le fit condamner à 2,500 francs de dommages-intérêts.

C’est ainsi que les vengeances particulière, les soupçons les plus absurdes, une blessure, un nom ou un ac-