Il était temps, en effet, d’apporter les preuves le lendemain de la condamnation à mort.
Il faut citer le portrait que M. Ulysse Parent trace du nouveau venu, et la scène qui suivit :
« Il sortait, sans nul doute, de Saint-Cyr, et je crois bien que la dernière guerre n’a pu le compter au nombre de ses combattants. Je le vois encore monté sur ses jambes grêles que dessinait un pantalon affreusement étriqué, et tout emmitouflé dans son élégante pelisse garnie de fourrures. Un col cassé émergeait de l’astracan qui lui faisait un collier autour du cou, et la pointe de ses chimériques moustaches qui avaient la prétention de menacer le ciel, aurait pu passer par le trou d’une aiguille ; les cheveux partagés au milieu de la tête par une raie qui n’en finissait plus, formaient sur son front étroit de petites boucles négligées d’apparence, mais savamment voulues.
» Il s’était ajusté dans l’œil un verre rond, sans bordure, et tout en fouettant la poussière de ses bottes du bout de sa badine, s’adressant à moi, il m’avait, ai-je dit, interpellé à son tour :
» — Il paraît que vous niez avoir fait partie de l’insurrection ?
» — Je le nie.
» — Vous niez également vous être trouvé à l’Hôtel-de-Ville au moment de son incendie et, plus tard, à la Roquette ?
» — Je le nie également.
» — Vous niez aussi, bien entendu, poursuivit-il, d’un air goguenard et suffisant, avoir été colonel de fédérés ?
» — J’ai été volontaire, sous le siège, dans une compagnie de marche, et rien de plus.
» Sur ma réponse, le sous-lieutenant éclata de rire et s’adressant au groupe d’officiers :