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et d’énergie, j’affermis mon cœur et me préparai dès lors à bien mourir.

» Je répondis qu’en effet j’étais marié et père de famille, mais que, redoutant pour tous les miens cette rencontre suprême, je ne savais à quoi me résoudre et que je demandais à réfléchir.

» — Je vous reverrai dans une heure et il sera fait comme vous l’aurez décidé, me dit l’officier en se retirant.

» Nous nous saluâmes, et je rentrai dans mes réflexions.

» L’audience continuait, mais je ne prenais plus garde à ce qui se passait autour de moi… malgré moi, je m’assoupis. Un brouhaha confus vint me réveiller. L’audience était levée, il était près de minuit. »

M. Parent fut mis, cette fois, dans un cachot séparé. Il paraît pourtant qu’on voulait prendre de nouveaux renseignements sur lui, car on mit bientôt avec lui un de ces faux compagnons de prison, placés près des véritables prisonniers pour leur surprendre un aveu. M. Parent flaira de suite le personnage ; et quand l’officier qui avait promis de venir le consulter, pour faire avertir sa famille, pénétra dans son cachot, il débarrassa le condamné de cet ignoble voisinage.

Le lendemain matin, avant de le mener au mur, on le ramena dans la cour du Luxembourg, devant ses juges de la veille. Il vit Tony-Moilin partir pour le supplice, pendant que ceux-ci lui demandaient de « racheter une partie de ses crimes » en dénonçant ses complices. — Quels complices ? Je n’avoue aucun crime. — Et les incendies de Paris ? — Mais quelles preuves invoquez-vous contre moi ? — Ici, le capitaine eut un mot superbe : « Les preuves ! je crois qu’on nous les apporte », dit-il en désignant un officier qui arrivait.