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XXXI

LE LUXEMBOURG
(suite)

La cour prévôtale du Luxembourg siégeait dans une des salles du rez-de-chaussée du Sénat. Comme le dit M. Ulysse Parent, c’était celle qui servait sous l’empire au dépôt des pétitions. Cette pièce, assez vaste et très haute, occupant un des pavillons d’angle du palais, du côté du petit Luxembourg, et éclairée par une haute fenêtre sur la rue de Vaugirard, sert aujourd’hui de logement à un employé du Sénat.

Pour introduire mes lecteurs, à la cour prévôtale, il me suffit d’y suivre M. Ulysse Parent. Il a tracé, de ce sanguinaire tribunal, un tableau si coloré et si bien vu que je ne puis mieux faire que de lui en emprunter les principaux traits.

La salle était pleine de soldats et d’agents de police, mêlés des gardes nationaux de l’ordre et de bourgeois privilégiés, — de ceux, bien entendu, qui s’attachaient aux officiers pour pousser au massacre et pour dénoncer des malheureux. Car, chose singulière ! c’était alors un titre semi-officiel que celui de délateur. Tel, qui joua ce rôle avec une basse cruauté dans le VIe arrondissement, et dont j’ai le nom au bout de la plume, avait, du droit de son ignoble rôle, ses grandes entrées et, en quelque sorte, sa part d’autorité au Luxembourg comme à la mairie. Il assistait aux procès, il assistait aux fusillades, il faisait des perquisitions, on le voyait sans cesse avec M. Garcin, C’étaient sans doute ses pareils,