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Simonnet, qu’on avait trouvé caché à l’École militaire, et un vieillard, M. Thibaut, président du club de Saint-Sulpice :

« Arrêté hier, amené vêtu de sa robe de chambre, et recueillant sur son passage les huées de la foule, il a été fusillé quelques instants après à l’École militaire. »

Le Petit Moniteur du 29 mai dit :

« Le même jour (jeudi), deux cents individus, hommes et femmes, surpris dans le quartier Saint-Antoine au moment où ils préparaient de nouveaux incendies, en couvrant les maisons avec du pétrole, ont été conduits au Champs-de-Mars où on les a fusillés impitoyablement. »

Le Soir du 29 reproduit le récit fait à un de ses rédacteurs par un soldat qui venait de fusiller au Champ-de-Mars un général fédéré. Ce prétendu général se cachait sous des vêtements bourgeois ; et la seule preuve qu’on eut de son titre, c’est qu’il avait été reconnu par un de ses gardes qui lui-même venait d’être arrêté. — Le récit se termine par une phrase superbe. « Ce misérable (il s’agit du général), ce misérable a eu l’audace d’offrir mille francs à ses exécuteurs, s’ils voulaient lui laisser la vie sauve. » Voilà en effet une audace incroyable !

Enfin, le Times, dans une correspondance datée du vendredi, après avoir décrit l’accumulation des cadavres sur les quais, ajoute : « Des cadavres plus nombreux occupent l’espace devant l’École militaire, au milieu des canons, des caissons et des voitures du train. »

Le récit du Siècle sur la constatation d’identité du faux Billioray nous apprend ce qu’on faisait de ces cadavres : on les portait dans les tranchées d’Issy, où ils étaient jetés pêle-mêle.