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C’était un homme convaincu, comme on voit.

On arriva de la sorte à l’École militaire. Là, il y eut un arrêt d’une heure, toujours sous la pluie. Il y avait des prisonniers qui disaient au commandant : « Si l’on doit nous fusiller, faites-nous fusiller de suite. » Enfin, on fit entrer la colonne dans une cour, on l’abrita sous un hangar. Sur un côté de cette cour, on avait disposé des planches. Était-ce pour préserver les murs des dégâts qu’y feraient les balles ? Quoiqu’il en soit, les soldats disaient aux prisonniers : « C’est-là qu’on vous fera votre affaire. »

Le prisonnier dont je suis les notes eut le bonheur de trouver un officier humain, qui, en apprenant qu’il était médecin et qu’on l’avait arrêté à ce titre, s’écria : « Mais c’est infâme ! » et lui promit qu’il serait au moins jugé. On fit monter le major dans les casernes, avec les autres prisonniers. Il y resta six jours après lesquels il fut relâché. Pendant les six jours, il entendit des fusillades continuelles. C’est dire qu’on fusilla encore au Champs-de-Mars pendant la semaine qui suivit celle de la bataille dans Paris. Or, on commença les exécutions dès le lundi. Le massacre, sur ce point, dura donc près de deux semaines.

J’ai déjà raconté un des premiers et des plus tristes épisodes de ce massacre, la mort du faux Billioray.

Les journaux de cette époque mentionnent souvent les exécutions faites au Champs-de-Mars.

J’en cite quelques exemples.

La Patrie du 29 dit :

« Du côté de l’École militaire, la scène est en ce moment fort émouvante. On y amène continuellement des prisonniers et leur procès est déjà terminé : ce n’est que détonations. »

Et le journal cite, parmi les fusillés, un commandant